Octobre 2023, l’observatoire de salinité met les voiles !
Depuis quelques années, le Service National d’Observation de Salinité de Surface (SNO SSS – Sea Surface Salinity) piloté par le LEGOS diversifie ses plates-formes de mesure. Ce réseau, initié il y a plus de 50 ans par l’IRD, repose sur des thermosalinographes (capteurs de mesure de la température et de la salinité) installés par l’unité d’appui et de recherche IMAGO sur des navires d’opportunité, pour la plupart des porte-containers parcourant l’océan global. L’Astrolabe, navire ravitailleur de la base antarctique française de Dumont d’Urville, instrumenté dans le cadre du projet SURVOSTRAL, a longtemps fait figure d’exception. En 2020, les navires de la flotte océanographique française ont rejoint l’observatoire, qui représente alors plus de la moitié des mesures continues de température et salinité au niveau mondial, coordonnées par le projet GOSUD. En 2021, le navire de croisière polaire « Commandant Charcot » de la compagnie Ponant, unique brise-glace français, a étendu les mesures vers les pôles.
En 2023, un nouveau navire a rejoint l’observatoire SSS : le « Canopée », spécialement construit par la société JIFMAR pour le transport des éléments de la fusée Ariane 6 de l’Europe vers la Guyane. Il succède ainsi au Toucan et au Colibri, transporteurs d’Ariane 5, membres du réseau depuis plus de 20 ans. Le Canopée, baptisé la semaine dernière à Bordeaux, a la particularité d’être le premier cargo commercial à voiles. Cette propulsion vélique par quatre « ailes » s’ajoute à une propulsion thermique classique pour diminuer d’environ 30 % la consommation de carburant, et donc l’empreinte carbone. Le voilier « Persévérance », spécialement construit pour l’expédition Polar POD, devrait aussi très bientôt rejoindre le réseau de mesures du SNO SSS. D’autres projets de cargos à propulsion vélique intégrale sont en cours et ont été approchés en vue d’une possible instrumentation. L’observatoire de salinité met les voiles !
La salinité de surface est la signature du cycle de l’eau à l’interface océan-atmosphère et son évolution ainsi mesurée sur les dernières décennies a permis de mettre en évidence l’intensification de ce cycle avec le réchauffement climatique. Les mesures issues du SNO SSS sont aussi indispensables pour la validation des mesures de salinité par satellite, réalisées depuis 2010 par SMOS, en particulier près des côtes et à mésoéchelle. Elles sont aussi utilisées pour des études de processus régionales combinant données in situ, satellite et modèle, notamment au LEGOS dans l’Atlantique tropical, où de forts apports d’eau douce liés aux pluies de mousson et aux grands fleuves (Amazone, Congo, Niger) entraînent des contrastes de salinité et une stratification qui influence la dynamique océanique.
Contact
- Gaël Alory, enseignant-chercheur au Laboratoire d’Études en Géophysique et Océanographie Spatiales (LEGOS/OMP) – Mail : gael.alory@univ-tlse3.fr
Source LEGOS