Ecologie

Des microplastiques apportés par voie atmosphérique dans les Pyrénées

Une équipe internationale de chercheurs du CNRS, des Universités de Toulouse et Orléans et de l’université de Strathclyde en Ecosse ont mis en évidence des plastiques dans les pluies et neiges tombant dans les Pyrénées.

Cette étude a consisté à analyser des échantillons récoltés pendant 5 mois dans les Pyrénées (Ariège) et les analyser pour leur contenu en micro plastiques.

L’article scientifique publié dans Nature Geoscience révèle que les pluies et les neiges contiennent un nombre non négligeable de micro plastiques, invisibles à l’œil nu et de moins de 5mm en taille dans cette région relativement isolée des Pyrénées.

Les chercheurs ont décompté un dépôt de plus 365 particules de micro plastiques par mètre carré par jour.

L’étendue de la distance parcourue par les micro plastiques n’est pas encore connue, mais les recherches ont également révélé que l’analyse de la trajectoire aérienne montre que des fragments voyagent dans l’atmosphère sur au moins une centaine de kilomètres.

Steve Allen, chercheur associé au Laboratoire Ecologie Fonctionnelle et Environnement de Toulouse et doctorant à l’Université de Strathclyde, a déclaré: «Il est étonnant et inquiétant de voir autant de particules trouvées sur le site des Pyrénées. Ce que nous pouvons prouver sans équivoque, c’est qu’il est transporté par le vent. Cela laisse penser que ce n’est pas seulement dans les villes que vous respirez cela, mais qu’il peut aussi se déplacer assez loin des sources.Les déchets plastiques sont un problème mondial croissant et l’un des principaux défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés à l’échelle mondiale. »

Le co-auteur, Deonie Allen, du Laboratoire Ecologie Fonctionnelle et Environnement, a ajouté: «Les facteurs de dégradation du plastique sont assez bien connus, mais les facteurs et les mécanismes de transport – en particulier le transport atmosphérique – des micro plastiques apparaissent complexes et constituent un nouveau domaine de recherche. ”

La région est considérée comme relativement préservé des activités humaines actuelles  en raison de son inaccessibilité et de son éloignement des grandes villes et des centres industriels.

Le Dr Gael Le Roux du Laboratoire Ecologie Fonctionnelle et Environnement a déclaré: « Cette région montagneuse a fait l’objet de nombreuses études interdisciplinaires en écologie et environnement au cours de la dernière décennie au sein de l’OHM Haut-Vicdessos un dispositif soutenu par le CNRS et un Labex, mais nous ne pouvions anticiper que notre dernière étude révèle de tels niveaux de dépôts de micro plastiques dans la pluie. »

Les précipitations locales, la vitesse du vent et des chutes de neige ont également été enregistrées durant la période hivernale de 2017 à 2018.

Steve Allen a ajouté: «La station météorologique  du site possède deux collecteurs de dépôts existants, qui nous ont fourni les échantillons en dupliqua. Nous avons mesuré les dépôts sur une période de cinq mois au cours de l’hiver, ce qui était significatif car les Pyrénées sont généralement recouvertes de neige et le sol est humide. Cela rend plus difficile le soulèvement des poussières locales, ce qui pose la question de savoir d’où viennent ces plastiques atmosphériques. »

 

Lien vers article Nature : https://www.nature.com/articles/s41561-019-0335-5

Contacts

  • Déonie Allen ( deonie.allen@ensat.fr)
  • Gael Le Roux ( gael.leroux@ensat.fr)
  • OHM Pyrénées-Labex DRIIHM : Didier Galop ( didier.galop@univ-tlse2.fr )

Les données ont été financées et fournies par le projet  ANR JCJC TRAM CNRS, ANR-15-CE01-0008, l’Observatoire Homme-Milieu Pyrénées Haut Vicdessos – LABEX DRIIHM ANR-11-LABX0010. Les données météo ont été fournies le CESBIO. Les recherches qui ont abouti à ces résultats ont également bénéficié d’un financement  européen FP7 Marie Curie via le programme PRESTIGE coordonné par Campus France (PCOFUND-GA-2013-609102). Les analyses ont été réalisées dans le centre national écossais CMAC, hébergé au sein de l’Université de Strathclyde, et financé par une subvention de capital UKRPIF (Fonds de partenariat de recherche du Royaume-Uni), réf. SFC. H13054, du Conseil de financement de l’enseignement supérieur pour l’Angleterre (HEFCE)

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