Tsunamis dans les Caraïbes : un nouvelle procédure d’alerte développée

Si les systèmes d’alerte aux tsunamis ont des procédures robustes pour prévenir des tsunamis générés par tremblements de terre, ce n’est pas le cas lorsqu’il s’agit de tsunamis produits par des crises volcaniques. Les éruptions de l’Anak Kakatau en 2018 ou du Hunga Tonga Hunga Ha’apai l’ont malheureusement montré. Des scientifiques du laboratoire Géosciences Environnement Toulouse (GET-OMP – CNES/CNRS/IRD/UT3) ont proposé et testé un système d’alerte pour la Caraïbe, basé sur la réception par le centre régional d’alerte aux tsunamis d’un bulletin émis par l’observatoire volcanologique témoin d’une activité potentiellement tsunamigénique du volcan qu’il surveille. Leur étude a été publiée en janvier dans Bulletin of Volcanology.

Lorsque s’est produit le tsunami de Sumatra de 2004, le centre d’alerte aux tsunamis du Pacifique (PTWC) et celui de Japon n’ont pas pu diffuser leurs messages d’alerte vers les pays de l’océan Indien où n’existait aucune structure de système d’alerte précoce. L’Unesco a alors été chargé de mettre en place des groupes de coordination intergouvernementale (ICG) pour les systèmes alertes précoces (EWS) dans les 3 bassins menacés par des tsunamis : l’océan Indien, la Méditerranée et l’Atlantique nord, et les Caraïbes, sur le modèle de celui du Pacifique.

Les procédures de ces systèmes d’alertes sont bien rodées pour le cas de tsunamis générés par des séismes. Le séisme est détecté par le réseau sismologique régional des pays du bassin qui partagent leurs données en temps réel, le centre d’alerte régional fournit à l’ensemble des pays des messages caractérisant la menace tsunami (heure d’arrivée, hauteur de vague), et chaque pays diffuse alors des messages d’alerte à sa population. Dans le cas de tsunamis générés par des événements volcaniques (5% à l’échelle mondiale et plus de 20% dans les Caraïbes), il n’existe pas de réseau instrumental permettant la détection de l’événement.

Or, des exemples de tsunamis produits par des coulées pyroclastiques atteignant la mer, des glissements de flanc de volcan, des éruptions sous-marines ou des effondrements de caldeira en mer sont connus. Dans la région des Caraïbes en particulier, à chaque éruption d’un volcan de l’arc antillais, des rumeurs de tsunami géant fleurissent sur les réseaux sociaux, comme ce fut le cas en 2015 avec l’éruption du Kick’em Jenny et en 2021 avec l’éruption du Cumbre Vieja (Canaries).  Et les exemples récents de l’Anak Krakatau – en Indonésie – en 2018 (430 victimes du tsunami) et du Hunga Tonga Hunga Ha’apai – dans les îles Tonga – en 2022 (au moins 2 victimes, notamment au Pérou) montrent le danger de ces phénomènes. 



Publication

Implementation of tsunami warning procedures in the Caribbean in case of a volcano crisis: Use of a Volcano Notice for tsUnami Threat (VONUT), Valerie Clouard, Christa von Hillebrandt–Andrade, Charles McCreery, Jelis J.Sostre Cortés, Bulletin of Volcanology, 2024. DOI: 10.1007/s00445-023-01702-8


Contact


Source Université Toulouse 3 – Paul Sabatier

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