Les tourbillons océaniques ne sont pas les oasis qu’on croyait !

Les tourbillons océaniques de méso-échelle1 ne  sont pas de super-oasis pour la vie marine contrairement à ce qui est décrit jusqu’ici dans la littérature scientifique. Des travaux menés par les spécialistes de l’IRD2 et leurs partenaires dans l’océan Pacifique relativisent en effet beaucoup l’idée communément admise qu’ils jouent un rôle essentiel pour fournir de la nourriture aux prédateurs marins supérieurs tels que les thons ou les requins. Analysant les données de mille tourbillons dans tous les océans, ils confirment l’influence de ces phénomènes sur la température et la production phytoplanctonique de surface.

Mais ils montrent surtout que seuls 6 % d’entre eux sont effectivement des oasis de vie agrégeant la faune méso-pélagique3 prisée par les grands prédateurs ! Et à l’inverse, 7 % ont un effet négatif : ils concentrent moins de faune fourragère en leur sein qu’il n’y en a à l’extérieur. Les rares tourbillons impactant positivement la faune méso-pélagique ont des caractéristiques particulières, notamment une vitesse de rotation importante qui peut piéger les masses d’eau en leurs centres, et ainsi concentrer organismes et nutriments.

Cette étude remet en question l’hypothèse selon laquelle l’agrégation des prédateurs supérieurs s’explique par la concentration de leurs proies au sein des tourbillons. Pour autant, elle n’élucide pas comment ces structures physiques attirent les thons et autres grands poissons exploités. Elle met ainsi la communauté scientifique au défi de démêler la complexité du phénomène de rassemblement des prédateurs supérieurs dans les tourbillons océaniques.


Publication

A rare oasis effect for forage fauna in oceanic eddies at the global scale, Aurore Receveur, Christophe Menkes, Matthieu Lengaigne, Alejandro Ariza, Arnaud Bertrand, Cyril Dutheil, Sophie Cravatte, Valérie Allain, Laure Barbin, Anne Lebourges-Dhaussy, Patrick Lehodey & Simon Nicol, Nature Communications, 6 juin 2024.  DOI: 10.1038/s41467-024-49113-3


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Notes

1 Structures circulaires de courants marins d’un diamètre de 50 à 150 km, qui peuvent durer de quelques semaines à plusieurs mois

2 Des UMR ENTROPIE, MARBEC, LEMAR et et LEGOS

3 Ensemble des organismes marins vivant dans la zone située entre 200 et 1000 mètres de profondeur


Source IRD

LEGOS