L’évapotranspiration des zones humides, moteur du climat local sud-américain

Des scientifiques du Laboratoire d’Études en Géophysique et Océanographie Spatiales (LEGOS – OMP) , de l’Institut pour le développement durable Mamirauá à Tefé et de l’Institut de recherche hydraulique de Porto Alegre, au Brésil, sont parvenus à évaluer l’évapotranspiration sur des dizaines de milliers de kilomètres-carré, les facteurs qui l’influencent et son rôle sur le climat local.


Mesurer l’évapotranspiration – le processus de transfert de l’eau du sol vers l’atmosphère, par évaporation ou par transpiration des végétaux – n’est pourtant pas chose facile dans l’immensité et la grande variété des zones humides d’Amérique du Sud. Le continent fluvial, justement appelé ainsi parce qu’il est constitué pour 12 % de telles zones et compte de gigantesques systèmes hydriques comme l’Amazone, restait jusqu’à peu assez méconnu en la matière.
En utilisant des informations satellitaires sur la température de surface et des algorithmes innovants pour traiter des données massives, les scientifiques lèvent le voile sur ce phénomène. Ils montrent ainsi que la morphologie du paysage, l’abondance de la végétation et la nature du climat sont déterminantes: si dans la plupart des environnements, il est confirmé que l’évapotranspiration est fortement corrélée au rayonnement solaire, dans les zones humides tropicales et équatoriales, elle est beaucoup alimentée par les inondations. Dans le gigantesque Pantanal1, son intensité suit ainsi précisément la lente propagation des ondes de crues. Cette saisonnalité est estompée dans les forêts des terres émergées de l’Amazone, où la végétation maintient une transpiration élevée toute l’année.
Et partout, en transférant de l’eau dans l’atmosphère, l’évapotranspiration contribue à modérer les températures et réguler le climat aux échelles locales et régionales. Ce rôle capital plaide en faveur de recherches sur ce processus en accord notamment avec l’objectif de développement durable 13 de lutte contre le réchauffement climatique.


Publication

Patterns and drivers of evapotranspiration in South American wetlands, Ayan Santos Fleischmann, Leonardo Laipelt, Fabrice Papa, Rodrigo Cauduro Dias de Paiva, Bruno Comini de Andrade, Walter Collischonn, Marcelo Sacardi Biudes, Rafael Kayser, Catherine Prigent, Eric Cosio, Nadja Gomes Machado & Anderson Ruhoff, Nature Communications, 2023.  DOI : /10.1038/s41467-023-42467-0


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Notes

1 La plus grande zone humide du monde, s’étendant sur une vaste plaine plate entre le Brésil, la Bolivie et le Paraguay, et couvrant entre 140 000 et 195 000 km


Source IRD Le Mag

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