Le Centre d’Études Spatiales de la Biosphère (CESBIO – OMP) met à disposition un outil qui permet de visualiser en temps réel l’état de l’enneigement dans différentes chaînes de montagne à partir des données satellitaires. Cet outil résulte de travaux de recherche initiés dans les Pyrénées et poursuivis dans les Alpes 1 2 . Cette année, ces informations ont été largement utilisées dans la presse, certains journaux ayant produit leur propre infographie à partir des données ainsi mises à disposition. L’intérêt pour ces données a résulté d’abord de l’inquiétude vis-à-vis du faible enneigement dans de nombreuses stations de ski cet hiver 2024. Les journalistes en ont profité pour expliquer l’importance du manteau neigeux pour d’autres usages, comme la production d’hydroélectricité et l’irrigation des cultures.
Mi-février 2024, si la surface enneigée vue par satellite était très déficitaire, la masse de neige (c’est-à-dire son équivalent en eau) était plutôt élevée dans les Alpes françaises d’après le modèle SIM2 de Météo-France, en raison de fortes accumulations au début de l’hiver à haute altitude. En revanche, dans la partie pyrénéenne du bassin de la Garonne, surface du manteau neigeux et équivalent en eau étaient très déficitaires. La situation était notamment très préoccupante dans les Pyrénées Orientales qui subit une sécheresse nivale pour la troisième année consécutive, avec de lourdes répercussions sur la disponibilité en eau à la fin du printemps.
Si ces données satellitaires servent à transmettre des informations au grand public en temps réel, elles sont également utiles pour des études rétrospectives. Ainsi, un groupe de scientifiques a analysé l’évolution du manteau neigeux lors de la sécheresse de 2022. Leur travail montre comment un fort déficit d’accumulation et une fonte particulièrement précoce dans les Alpes du Sud ont causé des étiages record en été. Mais le plus surprenant est peut-être que des étiages estivaux très bas ont été aussi atteints malgré des précipitations abondantes en hiver dans des bassins habituellement sous influence nivale des Pyrénées et des Alpes du Nord. Ces fortes accumulations ont été effacées avant le printemps à cause de températures élevées en hiver. De ce point de vue, l’année hydrologique 2021-2022 s’apparente à un analogue du climat futur où l’influence nivale sur les débits de cours d’eau français est nettement réduite en été.
Laboratoires CNRS impliqués
- Centre d’études spatiales de la biosphère (CESBIO – OMP) – Tutelles : Université Toulouse III – Paul Sabatier / CNRS / IRD / CNES
- Centre National de Recherches Météorologiques (CNRM – OMP) – Tutelles : CNRS / Météo France
Publication
Évolution du manteau neigeux pendant la sécheresse de 2022 en France, Gascoin S., Soubeyroux J-M., Karbou F., Thirel G., Sourp L., Lejeune Y., Gouttevin I. & Morin S., LHB Hydroscience Journal, 2024. DOI: 10.1080/27678490.2024.2314174
Les médias qui ont utilisés ces données
Contacts
- Simon Gascoin, chercheur CNRS au Centre d’Etudes Spatiales de la Biosphère (CESBIO – OMP) – Mail : simon.gascoin@univ-tlse3.fr
Notes
1 A snow cover climatology for the Pyrenees from MODIS snow products, Gascoin S. et al., Hydrol. Earth Syst. Sci., 19, 2337–2351 (2015).
2 Reanalysis-based contextualization of real-time snow cover monitoring from space, Gascoin S., Monteiro D. & Morin S., Environ. Res. Lett. 17, 114044 (2022).
Source CNRS